Compte rendu: Gestion optimale du rucher

Il s’agit d’un précis pratique de normes à respecter au sein de l’industrie apicole. Court, concis et clair, divisé en 12 chapitres, il situe à mi-chemin entre un guide d’apiculture traditionnel et un énoncé de lois et pratiques courantes.
Miels & Forêts

Compte rendu de lecture: Gestion optimale du rucher, 3ème édition, CRAAQ, 2020, rédaction collective (BERNIER, Martine; CLAING, Gabrielle; FERLAND, Julie; GIRARD, Mélissa; MARCOUX, Julie; PÉRICARD, Alain; TREMBLAY, Nicolas; VACHER, Raphael.), 153 pages.

Il s’agit d’un précis pratique de normes à respecter au sein de l’industrie apicole. Court, concis et clair, divisé en 12 chapitres, il situe à mi-chemin entre un guide d’apiculture traditionnel et un énoncé de lois et pratiques courantes à respecter pour s’inscrire harmonieusement dans le marché apicole québécois.

Indispensable pour quiconque veut pratiquer l’élevage commercial d’apis mellifera, l’ouvrage n’est toutefois pas un guide complet pour apprendre sur les abeilles, leur biologie, leurs comportements sociaux, les avancées de la science dans l’interprétation de leur santé et de leur métabolisme ou encore des méthodes alternatives d’apiculture. Il est toutefois extrêmement réaliste et terre-à-terre dans les étapes nécessaires pour garder des abeilles mellifères en santé en climat nordique.

Le premier chapitre couvre la réalité économique de l’apiculture contemporaine, quoique des ajustements seraient sûrement les bienvenus considérant que les données datent d’avant 2020. On y apprend des faits saillants, comme le fait que seulement 25% du miel consommé au Québec est produit localement, que la province ne compte que 8% des colonies du Canada et que l’importation de miel en provenance de l’international, à des prix très compétitifs, rend la production locale de miel peu rentable. En conséquence, les services apicoles (pollinisation, vente de nucleis, abeilles, reines, etc.) sont nécessaires pour survivre comme apiculteur.trice commercial. Les services de pollinisation totalisent à eux seuls 27.7% des revenus de l’industrie et génèrent une valeur estimée de produits agricoles de 2.57 milliards annuellement au Québec.

Le deuxième chapitre concerne les lois et règlements de sécurité publique, l’enregistrement obligatoire des ruches au MAPAQ, les normes de registres apicoles et les responsabilités d’identification des ruchers. Le chapitre 3 traite de la tenue des registres, le 4ème du matériel apicole et de ses usages dans le travail quotidien. L’information y est précise et claire.

Le cinquième chapitre traite de la gestion saisonnière du rucher et est de loin le plus volumineux du petit recueil (57 pages sur les 153). Les comment-faire sont bien détaillés et les consignes de sécurité très claires, ce qui est un atout considérable pour bien travailler. Notamment on y trouve des guides d’inspections clairs des éléments à observer dans les ruches et plusieurs concis sur les seuils de viabilité des colonies et les interventions à appliquer que toutes et tous gagneraient à appliquer lors des visites aux ruches. Les points négatifs sont qu’il pourrait y avoir plus d’illustrations pour aider les débutant.es à assimiler le langage technique ; les commentaires sur la gestion des ruchers manquent de nuances et le guide se révèle très unidirectionnel. C’est-à-dire qu’il présente une (seule) méthode de gestion optimale selon les standards industriels de ruchers de 15 à 25 colonies. Ses points forts sont la belle présentation exhaustive des outils apicoles et la représentation claire des standards à respecter quant à la force et la santé attendue d’une colonie, plus les opérations nécessaires pour y parvenir.

Le chapitre 6 couvre la planification et les approvisionnements, toujours dans l’optique d’une apiculture commerciale. Il y a des ressources intéressantes quant aux références des médecins vétérinaires en santé des abeilles affiliés au MAPAQ.

Le chapitre 7 est pour moi le plus intéressant de ce précis, en cela qu’il propose une classification claire de ce qu’est la lutte intégrée aux parasites et maladies. On y trouve en pages 84 et 85 des aides mémoires pour l’observation des ruches de style ‘’Flow chart’’ très bien faits, de même que des aides mémoires bien illustrés pour toutes les principales maladies et parasites. Le chapitre 8 couvre les prédateurs et les pestes et est également pratique.

Le chapitre 9, couvrant la santé de l’apiculteur.trice, est très court mais a le mérite de couvrir des précautions essentielles à prendre. Le chapitre 10 couvre l’apiculture biologique, sous l’aspect des normes et de la certification et ne constitue pas en soi un outil de gestion apicole bio (se référer ici à l’ouvrage de PÉRICARD, Alain, L’Abeille et la ruche). Le chapitre 11 couvre le partage du territoire et des indications générales pertinentes sur la capacité environnementale à respecter pour l’apiculture industrielle conventionnelle. Le chapitre 12 fait un bref survol des pratiques à considérer pour l’agriculture urbaine, mais encore là il ne s’agit pas d’un manuel pertinent pour la pratiquer.

Comment le trouver en ligne ou le commander papier :

https://www.craaq.qc.ca/Publications-du-CRAAQ/guide-gestion-optimale-du-rucher-3e-edition/p/PAPI0108

https://www.agrireseau.net/documents/102525/guide-gestion-optimale-du-rucher-3e-edition

Il est aussi disponible sur un certain nombre de catalogues de bibliothèques, comme celui de la BANQ!

Bonne lecture!